Quand on est auteur, on rêve tous d’une magnifique couverture, c’est normal : on veut qu’elle soit à la hauteur de son histoire, qu’elle fasse rêver rien qu’à la voir, qu’elle attire le regard et marque les esprits au point qu’on la reconnaisse de loin au milieu de centaines d’autres sur les étagères d’une librairie.
La théorie est toujours merveilleuse, mais la pratique, elle, se heurte à la réalité et ses contraintes financières. Qu’on soit éditeur ou auteur auto-édité, quand il s’agit de mettre la main au portefeuille pour faire réaliser sa couverture, ça coince parfois, et pour cause : on ne réalise pas toujours tout ce qu’implique la réalisation d’une illustration de couverture. L’aspect financier est détaillé dans cet article, je ne m’y attarderai donc pas davantage et vais passer à l’étape suivante :
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Pourquoi une belle couverture de roman est importante ?
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1- C’est la première chose qu’un acheteur potentiel verra.
Les arguments de vente d’un roman sont le résumé, le nom de l’auteur, la maison d’édition et la couverture.
Mais pour quiconque n’a jamais entendu parler de l’auteur ou du livre, quelques mots écrits en tous petits caractères ne suffiront pas toujours à attirer l’attention. Il faut se démarquer, et c’est ça, le rôle de la couverture : attirer le regard, le lecteur, lui faire prendre un livre entre les mains et le retourner pour consulter le résumé et ne plus jamais le lâcher.
Parce qu’elle est la première chose que remarquera un acheteur, la couverture d’un roman ne revêt ni plus ni moins qu’un aspect marketing et se pense de la même manière qu’une publicité : elle doit être actuelle, originale, esthétique et se démarquer. Son visuel sera utilisé pour tout un tas de produits dérivés, pour la promotion et sera le “visage” d’un livre. Le seul.
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Quelques exemples de couvertures récentes. Laquelle vous attire le plus ?
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2- Une couverture soignée fait bonne impression.
Vous n’auriez pas idée d’aller à un entretien d’embauche en vieux survêtements ? Non, vous faites des efforts, quitte à acheter une nouvelle tenue, parce que vous savez que votre avenir professionnel peut se jouer sur quelque chose d’aussi superficiel que vos vêtements. Eh bien là, c’est pareil : pour se vendre, un livre doit s’en donner les moyens et se mettre sur son 31. Certes, l’habit ne fait pas le moine ; il fait quand même beaucoup de choses et, dans ce cas précis, permettra peut-être au livre de plus se vendre, et plus longtemps.
Je sais pas vous, mais je pleure des larmes d’or devant chaque livre de la collection Steampunk de chez Bragelonne, avec leurs dorures, leurs pages arrondies… ou encore devant chaque couverture des éditions du Chat Noir, Mnémos, Plume Blanche… Grâce notamment à leurs couvertures, ces maisons ont réussi à attirer et fidéliser une solide base de lecteurs et font non seulement un événement de chaque parution, mais aussi de chaque révélation de couverture. En matière de marketing, pour moi, elles ont tout compris.
Les libraires aiment mettre en avant de bons livres (logique) mais, croyez-moi, ils aiment encore plus quand ils ont l’air de petits bijoux et qu’ils peuvent faire chatoyer leur vitrine ou leurs têtes de gondole, et ils se trompent rarement. Parce que nous sommes de pauvres victimes de la dictature de l’image et qu’on a beau se draper dans nos principes, on reste naturellement attiré par ce qu’on trouve beau.
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3- Parce que l’objet-livre est un tout.
Et qu’on ne peut pas en négliger un aspect, même sous prétexte qu’on en n’a pas les moyens. Enfin si, on peut, bien sûr : on fait parfois l’impasse sur des trucs aussi essentiels qu’un correcteur, alors la couverture, c’est certain qu’on peut le faire sans problème.
Disons plutôt que c’est une question de cohérence : si vous décidez de faire de votre livre un truc de fou furieux, allez jusqu’au bout de votre démarche. J’ai déjà vu des gens investir pas loin de 1000€ pour une illustration de couverture, et je connais bon nombre d’artistes dont les prix avoisinent ce chiffre. Oui, y compris des francophones. À vous de voir ce qui en vaut la peine et ce qui vous va.
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L’exception française
Vous allez me dire “oui, mais je te signale que la collection Blanche de Gallimard, ou la Jaune de Grasset, ne s’embarrassent pas de ce genre de considérations et leurs bouquins se vendent quand même !”, et je vous réponds : certes. Mais il s’agit là de collections particulières, chez des monstres de l’édition française qui n’ont plus grand chose à prouver et, même là, ça commence à changer. Les bandeaux envahissent les publications (parce qu’un bandeau fait super bien vendre, pour peu qu’on ait quelque chose à mettre dessus), l’image gagne peu à peu du terrain.
Sobriété et esthétique n’étant pas opposés, on peut bien sûr très bien s’en sortir avec des couvertures sobres. C’est une question de goûts, et tant que vous ne choisissez pas de la Comic Sans MS ou de la Brush Script pour votre titre, tout va bien.
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On peut tous en témoigner : les librairies regorgent de livres. Il est tellement difficile de se démarquer au milieu de toute cette masse que des stratégies de communication ont été développées spécialement pour les couvertures de roman (on peut établir un parallèle avec les affiches de cinéma, d’ailleurs) : les couleurs flashy, surtout le jaune et l’orange, sont devenues à la mode précisément dans ce but entre 2013 et 2015 et sont petit à petit remplacées par des couvertures très graphiques à la typographie travaillée.
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À l’heure où la production littéraire explose et où les maisons d’édition luttent pour survivre, il me semble essentiel de mettre toutes les chances de son côté pour réussir. Dans notre monde régi par la culture de l’image, soigner sa couverture me semble, sinon essentiel, au moins important.
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