Peut-être que tu le sais, peut-être que tu ne le sais pas, mais dans la vie, je suis graphiste et illustratrice professionnelle. Et aussi auteur amateur. Et je mêle ces deux parties de ma vie grâce à l’association Génération Écriture.
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Avec tout ça, le monde de l’édition, je commence à plutôt bien le pratiquer, que ça soit en bien… comme en mal. Et il y a un truc qui revient de plus en plus chez les auteurs qui me contactent, qui me fait TELLEMENT bondir que j’ai décidé d’en parler ici : “je suis éditée à compte d’éditeur, mais je dois payer certaines choses parce que c’est une édition participative. Mais c’est du compte d’éditeur !”
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Non.
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“Si si, mon éditeur prend en charge pratiquement tous les frais, mais c’est une petite structure et les auteurs participent pour l’aider à survivre.”
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NON.
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Les maisons d’édition, c’est soit à compte d’éditeur, soit à compte d’auteur.
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Les maisons d’édition à compte d’éditeur participatif,
ÇA N’EXISTE PAS.
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C’est du compte d’auteur déguisé.
Par des gros charlatans, menteurs et/ou ignorants.
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J’ai l’impression que le net pullule d’articles de ce genre, mais dans le doute, je l’ai écrit en très gros et très rouge. Parce que j’en ai marre que des jeunes auteurs se fassent avoir par des escrocs qui jouent sur les mots et abusent de la confiance des auteurs pour leur faire gober de la merde. et de ceux qui jouent les apprentis sorciers sans rien connaître au métier et font, donc, n’importe quoi n’importe comment.
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Comme je le disais plus haut, il n’existe que deux types d’édition pratiqués par les maisons d’édition (l’auto-édition ne compte pas ici, puisque vous n’éditez que vous) :
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1- le compte d’éditeur : c’est l’édition à laquelle on rêve tous (ou presque). Écrire un roman, l’envoyer à un professionnel qui va être séduit et décider de miser sur vous en investissant son argent dans votre talent, le sublimer, le promouvoir, tout ça.
Le compte d’éditeur est caractérisé par une unique chose : vous n’avez pas un centime à débourser pour publier votre livre. Pas-un-seul. C’est du “compte d’éditeur”, c’est-à-dire que l’éditeur utilise ses sous à lui pour financer la publication et tout ce qui l’entoure (l’impression ; la promotion — qui inclue les produits dérivés tels que les marque-pages, posters, carte du monde… — ; la couverture).
Vous, auteur, n’avez qu’à retravailler votre texte jusqu’à ce que mort s’ensuive et à dédicacer le livre.
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2- le compte d’auteur : c’est tout le reste. À partir du moment où l’éditeur vous demande de mettre la main à la poche pour financer une partie de votre publication, c’est du compte d’auteur. Qu’il s’agisse de la couverture de votre roman, de la carte du monde à inclure au livre, de la production d’un poster promotionnel, ou de la correction, pourquoi pas tiens, soyons fous.
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ET C’EST TOUT.
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– Si on vous demande de prendre à votre charge une partie des frais parce que la maison est “trop petite et qu’il faut aider”, c’est du compte d’auteur. Si la maison est si petite et a si peu de moyens, elle réduit le nombre de ses publications, quitte à être plus sélective, en attendant des jours meilleurs. Ou alors elle assume qu’elle n’est pas à compte d’éditeur — mais il n’y a pas de “partiellement à compte d’éditeur.
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– Si on vous demande de payer votre couverture parce que l’illustrateur que vous aimez est trop cher, c’est du compte d’auteur. Les illustrateurs (comme moi, coucou) ont des tarifs établis à l’avance, qu’ils calculent pour pouvoir vivre, manger, tout ça. Ces tarifs varient d’un illustrateur à un autre, en fonction de la renommée, par exemple, mais aussi du nombre de tirages prévus pour le livre et du temps qu’il va passer sur la couverture. Tous les illustrateurs ne sont pas à la portée de toutes les maisons d’édition, surtout les petites structures avec peu de moyens.
Cependant, si votre maison d’édition est sérieuse, soit elle négociera directement avec l’illustrateur si vraiiiment elle veut vous faire plaisir, soit elle vous imposera une couverture par l’un des illustrateurs de son catalogue. C’est ce qui se passe dans la plupart des cas, d’ailleurs, l’auteur a rarement son mot à dire sur la couverture, stop aux fantasmes.
Utiliser le prétexte de vouloir faire plaisir aux auteurs pour économiser une couverture, en plus de faire d’une maison d’édition une maison à compte d’auteur, c’est du chantage affectif et c’est à vomir.
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– Si on vous demande de payer pour pouvoir inclure des bonus à votre roman, comme une carte du monde, c’est du compte d’auteur. En tant qu’auteur, vous pouvez évidemment payer des artistes pour réaliser des œuvres en rapport avec votre univers, c’est normal. Mais à partir du moment où ces œuvres apparaissent dans le livre publié, c’est à l’éditeur de les payer. Parce que c’est lui qui vend les livres, c’est lui qui va récolter les profits de tout ce qui fait le livre. Texte et bonus inclus.
L’excuse “on ne fait pas ça chez nous, si tu y tiens vraiment tu le paies” n’est pas valable, car si une pratique est inhabituelle, il n’y a aucune raison pour que l’éditeur fasse une exception. À moins d’être radin (compte d’auteur, bisou) ou incohérent. Et s’il change d’avis, c’est à ses frais.
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– Si on vous demande de faire corriger votre roman par vos propres moyens, c’est du compte d’auteur. Le travail d’édition inclue une énorme part de correction. Et ce travail se paie, il y a des gens dont c’est même le métier (ma copine LorianO par exemple).
En vous laissant vous débrouiller, l’éditeur va soit vous laisser payer les honoraires pour la correction de votre roman (et c’est pas donné, les correcteurs doivent bouffer aussi), soit vous laisser le faire vous-même ou le faire faire par vos copains/copines, ce qui, avec tout mon respect, reste du travail d’amateur. Entre du compte d’auteur ou de l’édition à moitié bâclée, je sais pas vous mais je préfèrerais aller voir ailleurs si j’y suis, là où on arrêtera de me prendre pour un pigeon.
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En résumé, si on vous demande de payer quoi que ce soit pour arriver au produit fini qu’est votre livre, c’est du compte d’auteur. Le pourcentage de ce financement ne compte pas, de même que les excuses parfois habilement servies par les éditeurs.
“C’est une petite maison, c’est normal d’aider” et autres “c’est une association, chacun y met du sien”, c’est beau, mais ça ne change rien au fait que ces maisons, aussi pleines de bonnes intentions qu’elles soient, sont des maisons à compte d’auteur.
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Si elles l’assument et que vous êtes OK avec ça, pas de problème, foncez.
Si elles prétendent le contraire, jouent sur l’affectif, sur les mots, COUREZ. Loin.
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Dans le doute, faites toujours impérativement vérifier votre contrat d’édition avant de le signer, par des professionnels qualifiés en législation littéraire.
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C’est un conseil qui semble stupide car tout le monde le rabâche, pourtant il y a encore des gens qui se font avoir, parce qu’ils accordent leur confiance trop facilement, qu’ils n’osent pas dire non ou qu’ils pensent qu’ils ne seront jamais édités, sinon.
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Moi, je vous recommande chaudement de passer par La Charte. Et si vous n’avez pas envie de payer, posez tout simplement des questions autour de vous, à des communautés littéraires (comme Génération Écriture) ou à d’autres auteurs, illustrateur (moi, au pif).
Mais ne signez pas un contrat d’édition sans l’avoir minutieusement étudié. Ne vous laissez pas emporter par l’enthousiasme, vous risqueriez de le regretter plus tard.
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